jeudi 4 juillet 2013

The Future Primitives (Casbah Records/Dangerhouse Skylab) - Songs we taught ourselves


« Quinze ans ! … Depuis sa ménopause !... Quinze ans que j’peux pas la sauter !... Nan mais ! Faudrait voir à arrêter ces conneries, hein ! ».
Robert, Henri Vincenot du XXIème siècle. 

Robert, c’est mon voisin. Et mon voisin Robert tente depuis des années de s’économiser une psychanalyse en développant une méthode personnelle, ingurgitant force vin rouge, pour ensuite satisfaire à une nécessité subséquente à l’ingestion massive de liquide tout en lançant des salves d’invectives à la face de la Lune à l’heure où l’humidité de la rivière paresseuse et proche s’étale dans la vallée, diffusant la délicate et enivrante odeur du chèvrefeuille qui envahit alors l’atmosphère. Méthode qui ne laisse pas de m’étonner par son manque flagrant d’efficacité, mais n’étant ni soignant ni soigné, peut-être suis-je mal placé pour émettre quelque jugement que ce soit quant à l’efficience thérapeutique de la chose.
Si je pouvais alors te donner un conseil, Robert, sans prendre dans la gueule quelque objet contondant lancé avec une force respectable au vu de ton état, ce serait celui de jeter une oreille sur la nouvelle recrue de Casbah Records, The Future Primitives. Un groupe sud-africain qui reprend ici un certain nombre de classiques du rock garage et surf. Et c’est fait pour toi, Robert,  le rock garage : un savant mélange d’alcool et de frustration sexuelle, autant dire ton quotidien. Et si ça pouvait t’éviter de pisser dans les rosiers, ce serait toujours ça de gagné, à cause que ça pue…



Il est certain que, te connaissant, tu préfères aller guincher au son de l’accordéon à la salle polyvalente la plus proche, mais pose-toi une minute et écoute. Tout d’abord, les morceaux datent des années 60, pile l’époque où tu as engrossé la Jeannou au bal de Poilly et qu’elle s’est pris une trempe par sa mère quand elle est rentrée à la maison. Ça te rappellera des souvenirs. Et franchement, les jeunots de The Future Primitives ont bien bossé, on s’y croirait. Leur son est sec comme un coup de trique. Ah oui, c’est vrai, il ne faut pas te parler de trique. Comme ta gnôle, si tu préfères, c’est vrai qu’elle est bien raide, on peut pas lui enlever ça… Et le ratafia que tu fabriques avec dévoile les mêmes qualités que Songs We Taught Ourselves : c’est tranquillou au début, on se dit qu’on sent bien le sucre et que ça a bon goût, enfin, que ça a un goût, et puis paf ! au troisième verre, ça monte au cerveau tout d’un coup. Do the Ostrich, ça s’appelle. Ensuite, ça déroule : du surf sur la crête de la cuite (Every Up), les mâchoires un peu crispées (Tell Me Where’s That Girl), de l’hyperactivité alcoolisée à la limite du cas de dopage (Zig Zag Wanderer), s’enchaînent périodes de tension et accalmies salvatrices (She’s Mine, We Sell Soul), mais ça emmène quand même un peu, et puis houuuuu c’est reparti. Love At Psychedelic Velocity, puis The Fly te remettent une vieille montée de derrière les fagots. Et je t’en passe, et des meilleures. Ils se sont fait leur petite compil Nuggets perso, en somme, ou guère de moins. Par moments ne manquent même que quelques menues salves de cruchon tougoudougoudou pour croire écouter The 13th Floor Elevator, c’est dire.




Alors tout ce que peux faire pour toi, Robert, c’est te conseiller d’arrêter tes stupéfiants maison et de passer à la came sud africaine. Ça ne te guérira pas, mais tu auras moins mal à la gueule le lendemain…
 NICO
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